Nous remercions STÉPHANE MARIE L’homme aux mille jardins de nous avoir fait confiance pour la construction de sa serre et de nous avoir reçu chez lui en toute gentillesse à déjeuner, un instant magique.
Présentateur de « Silence, ça pousse ! » sur France 5, Stéphane Marie a élu domicile il y a une vingtaine d’années dans un petit hameau sur les hauteurs de Barneville-Carteret. C’est ici que, depuis 6 ans, ce natif du Cotentin prépare et tourne son émission.
Lorsque Stéphane Marie parle, ses mains sont toujours en mouvement. Elles tracent dans l’air la perspective d’une allée, caressent à distance l’ondulation d’un massif, dessinent l’arabesque d’une vigne grimpante… Et quand ses mains se taisent, c’est pour arracher une de ces plantes que vous et moi appelons une « mauvaise herbe » et qu’il considère, lui, comme « une plante qui n’est pas à sa place. » Et Stéphane sait par expérience qu’il faut parfois du temps pour trouver sa place : « A 30 ans, je ne savais rien du jardinage. »
Le théâtre côté jardin
A 30 ans, en effet, il dessine des décors et des costumes pour le théâtre : « J’avais bien roulé ma bosse, et je cherchais un endroit pour pouvoir me poser un peu. ».
Il s’installe donc au début des années 1990 à Saint-Pierre- d’Arthéglise, dans le hameau de la Maubrairie. Il a grandi tout près d’ici, à Barneville-Carteret. Le bâtiment est en piteux état et le terrain ne vaut guère mieux : « C’était un potager que cultivait autrefois mon grand-oncle. Enfant, j’y ai passé de longues heures à m’ennuyer. Mais s’ennuyer, c’est très bon pour l’imagination ! » De l’imagination, Stéphane va en avoir besoin pour transformer le lopin de terre de l’oncle Louis : « Chaque matin, je m’asseyais sur la terrasse, devant la maison, et j’essayais de « mettre en scène » ce que j’avais sous les yeux. Je n’avais pas le choix, il fallait bien en faire quelque chose, de ce terrain. Je suis venu au jardinage par obligation. » L’obligation s’est muée en passion…
C’est en jardinant qu’on devient jardinier Passionné, Stéphane est surtout « un bosseur, voire un hyperactif » : il retrousse donc ses manches, plante, déplante et replante encore. Il potasse les livres de référence, expérimente, hésite, tâtonne, fait des erreurs et les corrige. C’est ainsi qu’on devient jardinier… et homme de télévision : en 1998, Stéphane rejoint France 5 pour collaborer à « Silence, ça pousse ! », un magazine dédié aux jardins pour lequel il écrit des centaines de scripts. Les émissions sont enregistrées ici, à la Maubrairie. Vite, très vite, on aménage un potager, une serre, un jardin humide, puis autant de petits espaces que de sujets de tournage. « J’ai tiré parti de ce qu’il y avait sur place. ». Tout cela compose aujourd’hui une mosaïque de jardinets, habilement reliés par des perspectives, des lignes de fuite, des clins d’oeil vers le bocage environnant, son prolongement naturel. Ici, la fantaisie a sa place, mais l’ensemble est composé avec soin, parce qu’« il faut donner des repères pour arrêter le regard, créer des points de vue pour inviter à voir plus loin. » Un savant équilibre entre rigueur et exubérance. Un jardin, somme toute, à l’image de son concepteur.
Source : Manche mag’ n°6 (Octobre 2009)
C’est tout simplement magnifique, félicitation